19 août 2021
À l’aube de la rentrée scolaire 2021, la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ) constate l’impact énorme de la pénurie de main-d’œuvre dans son secteur, alors que des situations jusqu’ici inimaginables deviennent réalité.
« Je n’ai jamais vu pareil manque de main-d’œuvre » se désole Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ. « Le nombre de postes encore vacants, à une semaine de la rentrée scolaire, est alarmant. Et ce ne sont pas seulement les postes de 7 h ou de 10 h par semaine qui ne trouvent pas preneurs. On parle maintenant de postes à temps plein, traditionnellement très convoités » renchérit-il.
Des exemples surréels
À titre d’exemple, l’un des syndicats affiliés à la FPSS-CSQ n’a toujours pas comblé 9 de ses postes de techniciennes en service de garde, du jamais vu. « Normalement, on s’arrache ces postes à responsabilités. Mais la pression de faire fonctionner un service de garde en pleine pandémie, alors qu’il manque autant d’éducatrices dans le réseau, est rendue insoutenable. Peu de gens sont donc intéressés à occuper ces fonctions, surtout avec pareils salaires » relate Éric Pronovost.
Dans un autre syndicat, toujours affilié à la FPSS-CSQ, le personnel de soutien scolaire, comme les techniciennes en éducation spécialisée (TES) et les techniciennes en travail social (TTS), se font appeler directement à leur domicile par le Centre de santé et de services sociaux de leur région qui leur offre des postes à temps plein et permanents. « C’est insensé! C’est rendu qu’on se fait de la compétition entre réseaux publics! Et en éducation, on n’est pas de taille. Les enveloppes budgétaires liées au personnel de soutien sont minces alors que les besoins sont immenses. On demande littéralement à nos membres de faire des miracles avec rien, tout en leur offrant des conditions peu compétitives et pour peu d’heures par semaine » se désole monsieur Pronovost.
Pour l’année 2021-2022, au sein d’un autre syndicat affilié et après la séance d’affectation de ses employés réguliers et permanents, il manque toujours 73 techniciennes en éducation spécialisée, 126 éducatrices en service de garde et 15 préposées aux élèves handicapés. « Ces chiffres-là ne concernent qu’un centre de services scolaire. Imaginez tous les postes encore non comblés à l’échelle provinciale. Il y en a tellement qu’on n’a pas encore le portrait final. Et surtout, pensons à tous les élèves et étudiants qui ne recevront pas les services dont ils ont besoin » renchérit le président de la Fédération.
Une situation évitable
« On parle de pénurie depuis 2013… on a prévenu les gouvernements qui se sont succédé de ce qui s’en venait et on a proposé des solutions réalistes à grand impact. Or, aucun n’a pris action. On se retrouve donc dans une situation comme celle de cette année, alors que le manque de main-d’œuvre est extrême, en pleine pandémie de surcroît » rappelle monsieur Pronovost.
Offrir au personnel de soutien scolaire des postes à temps plein, permanents et des salaires plus élevés fait partie de la solution. Mais aussi, la reconnaissance de leur travail à la hauteur de leur apport. « On l’a vu avec les préposés aux bénéficiaires l’année dernière. Une valorisation du travail, en plus d’une augmentation salariale et de meilleures conditions de travail, est essentielle pour contrer la pénurie de main-d’œuvre dans les emplois dits de soutien. Ce n’est pas mystérieux et on connait la solution. Or, le gouvernement attend toujours d’être au pied du mur pour agir. Sauf que là, on y est, au pied du mur… » conclut Éric Pronovost.